Sunday, 10 June 2012

Agonie - demo 2006






En français :

C'est avec une émotion non-dissimulée que je tiens à poster aujourd'hui la demo d'Agonie, un groupe parisien, dans lequel j'officiai au milieu des années 2000. Agonie s'est formé en 2005 et cessa d'exister en 2007. A cette époque, la scène parisienne avait en son sein des groupes sincères avec lesquels nous avions des affinités : Munda di Mierdo (le groupe le plus chaotique et sympathique du monde), Décombres (mais quelle idée de tenter le crasher-crust au pays des Bérus?), SkitYouthArmy (Paris city thrash attack) et donc Agonie (gros bordel sonore). Agonie c'était Audrey, Caro, Clément, Romain et Simon. On a eu la chance de jouer avec des chouettes groupes étrangers comme Born/Dead (excellent concert), Makiladoras (pire concert de l'histoire) ou In the Shit, et dans des lieux accueillants (Chalet, Moulin, Miroit).

Comme vous allez vous en rendre compte, Agonie n'était pas le groupe le plus doué de sa génération. Le son est aussi fauché que nous ne l'étions, et on ne peut pas dire que les qualités et aptitudes des musiciens du groupe ne ressortent spécialement de l'enregistrement (ne mentionnons même pas nos performances live...). Malgré nos évidentes limites artistiques, beaucoup d'influences se bousculaient au portillon. Il y avait les groupes @punk à chant mixte comme Disaffect, Antiproduct, Jobbykrust, Antischism ou Easpa Measa, les groupes de crust tragédiques, du crustcore à la State of Fear, mais aussi Disorder, des trucs plus metal comme Hellshock ou Nausea et quelques groupes de grindcore (le batteur avait une obsession presque inquiétante pour Yacopsae). Un gros foutoir était à prévoir. J'aimerais pouvoir affirmer qu'Agonie était une synthèse incroyable de tous ces groupes suscités mais en réécoutant la demo aujourd'hui, il est plus honnête de dire que nous étions un groupe d'anarchopunk rapide, un peu crusty, avec des chansons qui ne ressemblent pas. Au final, on pourrait avec optimisme avancer que nous étions une version crue et décomplexée d'un combat de catch alcoolisé entre Mankind?, Contropotere et Disaffect quand ils commençaient tout juste à faire trois accords. Ou alors on était juste nous-mêmes, ce qui est sans doute la meilleure chose à être. La mauvaise qualité involontaire de l'enregistrement n'est pas non plus sans rappeler certains disques actuels de groupes noisepunk qui cherchent à imiter les productions caverneuses de célèbres bristoliens. Mais ça nous venait naturellement. On arrivait même à rater les reprises de Disorder et de Doom, ce qui est rétrospectivement la chose la plus punk à faire en concert.

L'intérêt principal d'Agonie réside probablement dans nos textes. Sans vouloir trop frimer, on passait du temps sur leur élaboration et on essayait d'éviter les clichés. Pas de haïkus dischargiens (même si on kiffait Discharge), pas de bancales et obscures métaphores pseudo-païennes (étrangement Amebix ne faisait pas l'unanimité). "Démocrature" parle de l'illusion démocratique, de la capacité d'adaptation du pouvoir et de l'idée de sacrifice pour le système; "Mal(e) dominant" est un morceau sur la domination masculine et sur les rôles imposés aux femmes afin de perpétuer le système (on aimait pas le système comme vous le voyez); "SO" traite de l'attitude des services d'ordres des syndicats pendant les manifs qui n'hésitent à suppléer les keufs et les aider dans leur noble tâche; "Terre sous garantie" est la chanson écolo/apocalyptique; "Peace bomber" parle de la guerre en Irak et de la propagande militaire; "Fashion punk" est une attaque contre les punks plus concernés par leur touche que par la politique (ironiquement, je suppose, j'étais à l'époque recouvert de patchs); enfin, "Police state" est une reprise de Disorder qui nous a permis de ne pas écrire notre propre chanson anti-flics (on reprenait aussi "Police bastard" de Doom en live).

L'artwork a été fait à la main, avec des collages et des montages et a été le fruit de nombreuses heures de travail, de lecture de textes situationnistes et de roulage de joints. La demo était à prix libre et les sous allaient à une caisse de soutien pour les prisonniers. On était clairement pas le groupe le plus doué de l'époque (la palme revient sans contestation possible à Munda di Mierdo), toutefois Agonie était un groupe honnête, pas poseur, croyant en une démarche DIY radicale. Avec des tripes, du coeur et une âme. Et quelques gueules de bois.

Up the punx.








In English:

It is with undisguised pleasure that I am posting the Agonie demo today, a Parisian band I served in during the mid 2000’s. Agonie formed in 2005 and called it a day in 2007. In those days, the Paris punk scene had genuine bands with whom we shared a lot like Munda di Mierdo (the world’s friendliest and most chaotic bunch), Décombres (what were they thinking trying to play crasher crust in Bérus country ?), SkitYouthArmy (Paris city thrash attack) and then Agonie (massive sound nuisance). Agonie were Audrey, Caro, Clément, Romain and Simon. We had the privilege to share the stage with good foreign bands such as Born/Dead (our best show), Makiladoras (our worst show) or In the Shit and we got to play in cool venues as well (Chalet, Moulin, Miroit).

As you are about to hear, Agonie were hardly the most gifted band of their generation. The sound of the recording is as crappy as we were broke, and our musical skills don’t really shine through the demo (let’s not mention our legendary gigging abilities…). Despite obvious artistic limitations, we were driven by many, rather ambitious, musical influences : fast anarchopunk with male/female vocals like Disaffect, Antiproduct, Jobbykrust, Antischism or Easpa Measa, Tragic crust, State of Fear type crustcore, but also noisy bollocks like Disorder, metallic bands like Nausea or Hellshock and even some grindcore bands (our drummer had an almost unhealthy obsession with Yacopsae). A huge mess was to be foreseen. I would love to tell you that Agonie were an amazing mix of all the aforementioned bands but listening to the demo today for the first time in years, it would be more honest to say that we were just a fast and sloppy crusty anarchopunk band with songs that don’t actually sound alike. In the end, one could optimistically venture that Agonie was the equivalent of a shamelessly raw and drunken wrestling fight between Mankind ?, Contropotere and Disaffect when they were just starting to play their instruments. Or we were just ourselves, which is probably the best thing to be. The very raw sound quality of the recording isn’t unlike what current noisepunk bands are trying to emulate when they aim for famous Bristolians’ worship. But it came to us effortlessly. We even managed to butcher our Disorder and Doom covers, which is retrospectively the punkest thing to do live.

The main interest about Agonie probably lies in our lyrics. Without bragging too much, we spent time on the writing and tried to avoid clichés. No dischargy haikus (though we loved Discharge), no cheesy and obscure pseud-pagan metaphors (surprisingly enough, we didn’t unanimously love Amebix). « Démocrature » is about how democracy is an illusion, how power is able to adapt and force the idea of sacrifice upon us ; « Mal(e) dominant » tackles male dominance and the gender roles imposed on women in order to perpetuate the system (we weren’t big on the system as you can see) ; « SO » deals with the behaviour of unions’ security boys during demos where they don’t mind doing the cops’ dirty work and helping in their noble enterprise ; « Terre sous garantie » is the eco/apocalyptic song ; « Peace bomber » is about the war on Iraq and military propaganda ; « Fashion punk » is an attack against punks who are more concerned with their looks than with politics (ironically, my clothes were quite litterally covered with bands’ patches at the time) ; last but not least, « Police state » is a Disorder song we covered so that we didn’t have to write our own anti-police song (we also covered Doom’s « Police bastard » live).

The artwork was hand-made, in a cut-and-paste fashion, and was the result of long hours of labour, what with reading situationist texts while rolling spliffs. You could get the demo for a donation and the benefits, as small as they were, went to a prisoner support fund. We clearly weren’t the most talented band of our time (this highly-coveted title goes undeniably to Munda di Mierdo), but we were a genuine, down-to-earth band with strong radical DIY ethics. With guts, heart and soul. And a couple of nasty hangovers.

Up the punx.           

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